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Le poids des agences de notation sur le développement de l'Afrique

LE CAIRE – En 2020, la pandémie du Covid-19 a entraîné la première récession en Afrique depuis un quart de siècle et dans son sillage, une vague de baisse des notations souveraines dans la région. Dix-huit des 32 pays africains notés par au moins l’une des « trois grandes » agences de notation internationales – Fitch Ratings, Moody’s et Standard and Poor's – ont accusé une dégradation de leur notation financière qui risque d’exacerber la crise actuelle. En outre, ces décisions de déclassement pourraient entraver les transformations structurelles à plus long terme dont ces économies ont besoin pour réduire leur dépendance néfaste aux produits de base.  

Cinquante-six pour cent des pays africains notés ont subi une dégradation de leur notation financière l’an dernier – soit nettement plus que la moyenne mondiale, 31,8 pour cent, et que la moyenne d’autres régions (45 pour cent pour les Amériques, 28 pour cent en Asie et 9 pour cent en Europe). La part des notes souveraines dégradées en Afrique est encore plus élevée (62,5 pour cent) si l’on tient compte des deux pays (le Kenya et Maurice) dont la notation souveraine a été dégradée au premier semestre 2021. Cette avalanche de dégradation des notes financières s’est accompagnée d’un déferlement de perspectives révisées à la baisse pour les notations des pays africains. Ensemble, les trois agences ont révisé à la baisse les perspectives de 17 notations souveraines – quatre de positives à stables et 13 de stables à négatives.
 

La portée de ces déclassements à grande échelle va bien au-delà de leur nombre. Le Botswana, Maurice, le Maroc et l’Afrique du Sud ont pendant une longue période bénéficié d’unstatut  correspondant à un investissement de qualité. Mais la dégradation de la note du Maroc et de l’Afrique du Sud au niveau « spéculatif » l’an dernier signifie que l’Afrique émergera de la pandémie avec plus de 93 pour cent de ses notations souveraines dont la qualité de crédit est limitée, avec un effet « boule de neige » de la dette, soit des répercussions négatives disproportionnées sur les coûts de l’emprunt et d’éventuelles nouvelles dégradations des notes souveraines.  

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