slaughter85_PhotoAltoMichele Constantini_earth care PhotoAlto/Michele Constantini

Réinventer les soins : l'ère relationnelle

WASHINGTON, DC – La récente conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) et les négociations en cours sur le projet de loi du président américain Joe Biden, comprenant deux volets – la rénovation des infrastructures et des mesures d’ampleur sur le plan social – connu sous le nom de Build Back Better Act (loi « Reconstruire en mieux »), ont un point commun important. L’engagement à prendre soin de notre planète est au cœur des efforts déployés mondialement pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. De manière analogue, le deuxième volet du projet de loi de Biden est un investissement dans la création aux États-Unis d’une infrastructure complète de soins – dont le congé payé pour raison familiale et médicale, les dépenses de garde d’enfants, les crédits d’impôts pour enfants et l’accès à des soins abordables localement et à domicile pour ceux qui en ont besoin.

La réaction à ces deux événements marquants est révélatrice de la manière dont une majorité de personnes considère les soins. Dans le cas du changement climatique, prendre soin de la Terre se traduit par des interdictions, des restrictions et des obligations : nous ne pouvons pas continuer à vivre comme nous le faisons sans courir à la catastrophe. Pour ce qui est des mesures sociales, nombreux sont ceux qui justifient leur soutien aux services de garde d'enfants et de soins aux personnes âgées en soulignant qu'une augmentation de ces services permettrait aux soignants, toujours principalement des femmes, de rester dans la population active et d'être ainsi des membres « productifs » de la société.

Dans les deux cas, les soins sont donc le moyen de parvenir à une fin, et non des gestes à chérir et cultiver pour leur valeur intrinsèque. Les soins sont un devoir : nous devons prendre soin de notre planète et des membres de notre famille. Ou alors les soins sont des services payants : nous pouvons acheter des crédits carbone pour compenser notre consommation hédoniste et employer d’autres personnes pour nourrir, laver, habiller et conduire nos proches bien-aimés.

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