LONDRES – La transition mondiale vers les énergies vertes comme l'éolien ou le solaire est en marche. Mais la grande question, pour la prochaine décennie et au-delà, est de savoir à quel rythme elle se fera. Si elle est lente, les énergies fossiles vont continuer à prospérer et l'on n'atteindra probablement pas les objectifs de diminution des gaz à effet de serre fixés par l'accord de Paris sur le climat en 2015. Par contre si elle est rapide, le secteur des énergies fossiles en pâtira - ce sera le prix à payer pour parvenir aux objectifs fixés. Dans la conjoncture actuelle, les deux scénarios, les deux voies, sont possibles.
Dans un nouveau rapport destiné au Global Future Council on Energy du Forum économique mondial, The Speed of the Energy Transition[La rapidité de la transition énergétique], nous-mêmes et les co-auteurs du rapport identifions quatre domaines dont dépendra la voie que nous prendrons. Nous y présentons des éléments probants qui montrent que la transition va s'effectuer rapidement et que tout le monde doit s'y préparer.
- Premier domaine : l'adoption des énergies renouvelables. Quand ces dernières commenceront-elles à se substituer aux énergies fossiles ? Pour les marchés, le moment clé interviendra quand les énergies renouvelables représenteront la totalité de l'augmentation de la production d'énergie. Quand l'énergie verte sera le moteur de la croissance du secteur énergétique, les marchés financiers réorienteront leurs investissements.
- Deuxième domaine : l'innovation dans les technologies de l'énergie. Se fera-t-elle de manière linéaire (c'est le scénario d'une transition graduelle) ou exponentielle (c'est le scénario d'une transition rapide) ? L'énergie solaire et l'énergie éolienne sont déjà moins chères que les énergies fossiles pour produire de l'électricité, et le prix des véhicules électriques viendra bientôt concurrencer celui des véhicules classiques. Les barrières à la croissance des véhicules électriques pourraient disparaître dans un futur prévisible. Par ailleurs, la nouvelle vague d'innovations est imminente, elle apparaîtra sous la forme de technologies naissantes mais viables, telles que l'utilisation d'hydrogène comme source d'énergie. Le prix des énergies renouvelables va probablement tomber bien en dessous de celui des énergies fossiles et conduire rapidement à la croissance exponentielle des énergies vertes.
- Troisième domaine : la politique publique. Restera-t-elle précautionneuse, ou bien deviendra-t-elle plus dynamique et ambitieuse, les nouvelles technologies permettant d'améliorer la conception et le fonctionnement des marchés ? Etant donné la force de l'inertie, la politique actuelle est d'une envergure limitée. Mais l'Histoire nous montre qu'il existe des points de basculement : une fois qu'un véritable changement intervient, il se propage rapidement - ainsi qu'on l'a vu avec les lois contre le tabagisme.
Les nouvelles technologies offrent déjà de meilleures solutions pour répondre aux besoins en énergie des consommateurs. C'est un facteur dont les dirigeants politiques vont tenir compte pour répondre à la demande de leur électorat. Lorsqu'ils seront suffisamment nombreux à réaliser que la transition énergétique n'est pas coûteuse et qu'elle stimule la concurrence (d'où une baisse des prix), ils modifieront la réglementation du marché de l'énergie pour l'adapter au changement en cours.
Access every new PS commentary, our entire On Point suite of subscriber-exclusive content – including Longer Reads, Insider Interviews, Big Picture/Big Question, and Say More – and the full PS archive.
Subscribe Now
- Quatrième domaine : les pays émergents. Vont-ils suivre la voie des énergies fossiles comme l'ont fait les pays développés, ou adopter directement les énergies nouvelles ? Des pays comme la Chine ou l'Inde ont besoin de produire davantage d'énergie pour répondre aux besoins de leurs citoyens, et à travers le monde près d'un milliard de personnes n'ont pas accès à l'électricité. Cela ne veut pas dire pour autant que les pays émergents et les pays en développement doivent s'engager sur la voie des énergies fossiles. De même que beaucoup d'entre eux ont choisi d'adopter directement les téléphones portables sans passer par l'étape des téléphones filaires, ils pourraient développer en premier choix les énergies renouvelables dont le prix est de plus en plus abordable.
Au vu des éléments dont nous disposons, il nous paraît très probable que la transition se fera rapidement. Le danger est cependant que les principales parties prenantes, les responsables politiques et les investisseurs, se trompent quant à la voie sur laquelle nous sommes et prennent de mauvaises décisions, qu'ils s'accrochent trop longtemps aux énergies fossiles et investissent dans des technologies obsolètes. Nous aurons alors à en payer le prix ; pire encore, nous aurons manqué l'occasion de parvenir au plus tôt à une croissance durable tout en minimisant le risque d'une catastrophe climatique.
Tous les acteurs, des start-up innovantes aux responsables du secteur de l'énergie et aux dirigeants politiques, ont un rôle à jouer pour déterminer la voie que nous allons suivre. S'ils prennent conscience de la rapidité de la transition énergétique mondiale en cours et décident d'y participer, nous pourrons peut-être atteindre les objectifs de l'accord de Paris et faire que chacun puisse prospérer sur notre planète.
To have unlimited access to our content including in-depth commentaries, book reviews, exclusive interviews, PS OnPoint and PS The Big Picture, please subscribe
Iran’s mass ballistic missile and drone attack on Israel last week raised anew the specter of a widening Middle East war that draws in Iran and its proxies, as well as Western countries like the United States. The urgent need to defuse tensions – starting by ending Israel’s war in Gaza and pursuing a lasting political solution to the Israeli-Palestinian conflict – is obvious, but can it be done?
The most successful development stories almost always involve major shifts in the sources of economic growth, which in turn allow economies to reinvent themselves out of necessity or by design. In China, the interplay of mounting external pressures, lagging household consumption, and falling productivity will increasingly shape China’s policy choices in the years ahead.
explains why the Chinese authorities should switch to a consumption- and productivity-led growth model.
Designing a progressive anti-violence strategy that delivers the safety for which a huge share of Latin Americans crave is perhaps the most difficult challenge facing many of the region’s governments. But it is also the most important.
urge the region’s progressives to start treating security as an essential component of social protection.
LONDRES – La transition mondiale vers les énergies vertes comme l'éolien ou le solaire est en marche. Mais la grande question, pour la prochaine décennie et au-delà, est de savoir à quel rythme elle se fera. Si elle est lente, les énergies fossiles vont continuer à prospérer et l'on n'atteindra probablement pas les objectifs de diminution des gaz à effet de serre fixés par l'accord de Paris sur le climat en 2015. Par contre si elle est rapide, le secteur des énergies fossiles en pâtira - ce sera le prix à payer pour parvenir aux objectifs fixés. Dans la conjoncture actuelle, les deux scénarios, les deux voies, sont possibles.
Dans un nouveau rapport destiné au Global Future Council on Energy du Forum économique mondial, The Speed of the Energy Transition[La rapidité de la transition énergétique], nous-mêmes et les co-auteurs du rapport identifions quatre domaines dont dépendra la voie que nous prendrons. Nous y présentons des éléments probants qui montrent que la transition va s'effectuer rapidement et que tout le monde doit s'y préparer.
- Premier domaine : l'adoption des énergies renouvelables. Quand ces dernières commenceront-elles à se substituer aux énergies fossiles ? Pour les marchés, le moment clé interviendra quand les énergies renouvelables représenteront la totalité de l'augmentation de la production d'énergie. Quand l'énergie verte sera le moteur de la croissance du secteur énergétique, les marchés financiers réorienteront leurs investissements.
- Deuxième domaine : l'innovation dans les technologies de l'énergie. Se fera-t-elle de manière linéaire (c'est le scénario d'une transition graduelle) ou exponentielle (c'est le scénario d'une transition rapide) ? L'énergie solaire et l'énergie éolienne sont déjà moins chères que les énergies fossiles pour produire de l'électricité, et le prix des véhicules électriques viendra bientôt concurrencer celui des véhicules classiques. Les barrières à la croissance des véhicules électriques pourraient disparaître dans un futur prévisible. Par ailleurs, la nouvelle vague d'innovations est imminente, elle apparaîtra sous la forme de technologies naissantes mais viables, telles que l'utilisation d'hydrogène comme source d'énergie. Le prix des énergies renouvelables va probablement tomber bien en dessous de celui des énergies fossiles et conduire rapidement à la croissance exponentielle des énergies vertes.
- Troisième domaine : la politique publique. Restera-t-elle précautionneuse, ou bien deviendra-t-elle plus dynamique et ambitieuse, les nouvelles technologies permettant d'améliorer la conception et le fonctionnement des marchés ? Etant donné la force de l'inertie, la politique actuelle est d'une envergure limitée. Mais l'Histoire nous montre qu'il existe des points de basculement : une fois qu'un véritable changement intervient, il se propage rapidement - ainsi qu'on l'a vu avec les lois contre le tabagisme.
Les nouvelles technologies offrent déjà de meilleures solutions pour répondre aux besoins en énergie des consommateurs. C'est un facteur dont les dirigeants politiques vont tenir compte pour répondre à la demande de leur électorat. Lorsqu'ils seront suffisamment nombreux à réaliser que la transition énergétique n'est pas coûteuse et qu'elle stimule la concurrence (d'où une baisse des prix), ils modifieront la réglementation du marché de l'énergie pour l'adapter au changement en cours.
Subscribe to PS Digital
Access every new PS commentary, our entire On Point suite of subscriber-exclusive content – including Longer Reads, Insider Interviews, Big Picture/Big Question, and Say More – and the full PS archive.
Subscribe Now
- Quatrième domaine : les pays émergents. Vont-ils suivre la voie des énergies fossiles comme l'ont fait les pays développés, ou adopter directement les énergies nouvelles ? Des pays comme la Chine ou l'Inde ont besoin de produire davantage d'énergie pour répondre aux besoins de leurs citoyens, et à travers le monde près d'un milliard de personnes n'ont pas accès à l'électricité. Cela ne veut pas dire pour autant que les pays émergents et les pays en développement doivent s'engager sur la voie des énergies fossiles. De même que beaucoup d'entre eux ont choisi d'adopter directement les téléphones portables sans passer par l'étape des téléphones filaires, ils pourraient développer en premier choix les énergies renouvelables dont le prix est de plus en plus abordable.
Au vu des éléments dont nous disposons, il nous paraît très probable que la transition se fera rapidement. Le danger est cependant que les principales parties prenantes, les responsables politiques et les investisseurs, se trompent quant à la voie sur laquelle nous sommes et prennent de mauvaises décisions, qu'ils s'accrochent trop longtemps aux énergies fossiles et investissent dans des technologies obsolètes. Nous aurons alors à en payer le prix ; pire encore, nous aurons manqué l'occasion de parvenir au plus tôt à une croissance durable tout en minimisant le risque d'une catastrophe climatique.
Tous les acteurs, des start-up innovantes aux responsables du secteur de l'énergie et aux dirigeants politiques, ont un rôle à jouer pour déterminer la voie que nous allons suivre. S'ils prennent conscience de la rapidité de la transition énergétique mondiale en cours et décident d'y participer, nous pourrons peut-être atteindre les objectifs de l'accord de Paris et faire que chacun puisse prospérer sur notre planète.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz