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La guerre de la corruption contre le droit

PARIS - Quand vous essayez de lutter contre la corruption, la corruption se défend. La journaliste d'investigation maltaise Daphne Caruana Galizia pourrait vous le dire - si elle n'avait pas été assassinée par des associés de ceux sur lesquels elle enquêtait. L'avocat rwandais anticorruption Gustave Makonene, qui a été étranglé et jeté d'une voiture, ne peut pas non plus parler. Pas plus que le militant brésilien Marcelo Miguel D'Elia, qui a été abattu de plusieurs balles dans un champ de canne à sucre près de son domicile.

Des policiers, des procureurs et des fonctionnaires ont également subi de graves conséquences pour avoir tenté de s'attaquer à la corruption. L'un de ces fonctionnaires est Ibrahim Magu, qui est devenu en 2015 président par intérim de la principale agence de lutte contre la corruption du Nigeria, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC). En 2017, des hommes armés ont attaqué le domicile de Magu, tuant l'un des policiers qui le gardaient. Mais ce ne sont pas les balles qui ont finalement neutralisé Magu. Au contraire, sa destitution a été organisée par le biais de la "lawfare" - l'utilisation (ou l'abus) de la loi à des fins politiques.

L'année dernière, à une époque où l'EFCC aurait enquêté sur des allégations de corruption à l'encontre du procureur général Abubakar Malami, Magu a été arrêté et placé en détention sur la base d'allégations de corruption et d'insubordination, formulées par nul autre que Malami. Bien que les mêmes allégations aient fait l'objet d'un non-lieu suite à une enquête trois ans plus tôt, Magu a été suspendu de ses fonctions, en attendant les conclusions d'un groupe d'enquête mis en place par le président nigérian Muhammadu Buhari.

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