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Quelles leçons doit-on tirer de l'expérience économique menée aux États-Unis ?

CAMBRIDGE (MASS.) – Les débats de politique économique aux États-Unis se sont radicalement transformés en l’espace de quelques années seulement. Néolibéralisme, consensus de Washington, fondamentalisme de marché, tout cela, quel que soit le nom qu’on lui donnait, est désormais remplacé par quelque chose de bien différent.

Dans les préoccupations de la politique économique, la dette et l’inflation ont cédé le pas à la surstimulation de l’économie et à la minimisation des risques que celle-ci fait courir à la stabilité des prix. Quant à l’impôt, l’acceptation tacite de la course mondiale au moins disant fiscal semble avoir fait son temps ; il s’agit aujourd’hui de fixer un taux minimal mondial pour les entreprises multinationales. L’idée même d’une politique industrielle, qu’il eût été grossier, tout récemment encore, de mentionner en bonne compagnie, fait un retour d’autant plus appuyé.

Et ainsi de suite. Alors qu’il ne s’agissait, pour le marché du travail, que de déréguler et d’assouplir, il est désormais question de bons emplois, de redresser les déséquilibres qui faussent le dialogue social et de renforcer le pouvoir des salariés et des syndicats. Les grandes entreprises de technologie ou recourant au modèle économique de la plateforme, jusqu’alors considérées comme sources d’innovation et d’avantages pour les consommateurs sont aujourd’hui devenues des monopoles qui doivent être réglementés, voire démembrés. La politique commerciale se résumait à la division mondiale du travail et à la recherche de l’efficience ; elle est aujourd’hui tout entière consacrée à la résilience et à la préservation des chaînes d’approvisionnement intérieures.

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