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Relance européenne: le grand pari

PARIS – En juillet, les dirigeants européens se sont mis d’accord pour emprunter 750 milliards d’euros et ainsi financer 390 milliards de transferts et 360 milliards de prêts aux États membres, en vue de les aider à se relever de la commotion économique induite par la pandémie. Ce programme de relance, appelé Next Generation EU, a été salué à juste titre comme une avancée majeure : l’Union n’avait jamais emprunté pour financer des dépenses, encore moins pour opérer des transferts vers les États.

Ce programme, et en particulier la Facilité pour la reprise et la résilience, qui distribuera l’essentiel des fonds, représente un véritable pari. Si le plan est un succès, il ouvrira la voie à de nouvelles initiatives, peut-être même à une union budgétaire qui complètera l’union monétaire mise en place il y a vingt ans. Mais si les objectifs ne sont pas atteints, et si le clientélisme politique prend le pas sur les nécessités économiques, les aspirations fédérales seront douchées pour une génération au moins.

La première interrogation concerne l’ampleur du programme. Pour impressionnant que soit un montant de 390 milliards, cela ne représente que moins de 3% du PIB européen, à débourser sur une période de plusieurs années. Jason Furman, l’ancien président des conseillers économiques de Barack Obama, a calculé que la réponse du gouvernement américain à la crise financière de 2008 avait mobilisé 1600 milliards de dollars, soit environ 10% du PIB : trois à quatre fois plus, en réponse à un choc économique bien plus faible.

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