Stratégie occidentale pour une Russie en déclin

CAMBRIDGE – Le Groupe stratégique de l’Institut Aspen, entité non partisane réunissant plusieurs experts en politique étrangère, coprésidée par l’ancien conseiller américain à la sécurité intérieure Brent Scowcroft et par moi-même, s’efforce depuis quelque temps de proposer des solutions face aux agissements de la Russie en Ukraine. Voici par ailleurs que l’OTAN se retrouve confrontée à la même problématique.

S’il est nécessaire que l’Occident s’oppose à la remise en cause par le président russe Vladimir Poutine d’un ordre d’après-guerre interdisant la revendication d’un territoire par la force, il lui faut également veiller à ne pas totalement isoler la Russie, dans la mesure où la mère patrie partage avec l’Occident plusieurs intérêts communs en matière de sécurité nucléaire, de non-prolifération, de lutte contre le terrorisme, ainsi qu’autour de la question de l’Arctique et d’autres problématiques régionales telles que l’Iran et l’Afghanistan. En outre, la réalité géographique conférerait un avantage évident à Poutine en cas d’escalade du conflit ukrainien.

Bien que la colère soit une réaction compréhensible face aux comportements trompeurs du président russe, cette colère ne saurait constituer une stratégie. S’il est essentiel que les pays occidentaux imposent un certain nombre de sanctions financières et énergétiques afin de dissuader la Russie de ses aspirations ukrainiennes, ils ne doivent cependant pas perdre de vue la nécessité d’œuvrer aux côtés de la Russie autour d’autres problématiques. La réconciliation de ces objectifs n’est pas chose facile, et aucun des deux camps n’a intérêt à voir la situation dégénérer en une nouvelle guerre froide. Ainsi, au moment de réfléchir à des recommandations politiques spécifiques, rien de surprenant à ce que le groupe Aspen se soit révélé divisé entre les « batailleurs » et les « diplomates. »

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