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Faire la paix, c'est trahir

TEL-AVIV – En 1765, le philosophe allemand Emmanuel Kant écrivait que la paix perpétuelle ne pouvait provenir que de la diplomatie, « à moins qu’on ne veuille faire entendre qu’il est juste que des hommes […] se dévorent les un les autres, et ne trouve la paix éternelle que dans un vaste tombeau ». Dans l’histoire, c’est la seconde voie que l’humanité semble avoir privilégiée, du moins jusqu’à ce que les ravages de la guerre ne contraignissent les États à s’entendre. Et même alors fallait-il une ferme autorité pour arrêter le bain de sang.

Le courage du président ukrainien Volodymyr Zelensky en ce temps de guerre est indéniable. Mais Zelensky apparaît aussi comme l’otage de son environnement politique. Contre l’armée d’un envahisseur sans pitié, sa survie politique, voire physique, dépend de son engagement inébranlable pour une défaite totale de la Russie.

Lorsqu’on passe de la guerre à la paix, l’opinion publique se montre souvent plus belliqueuse que les dirigeants politiques. Et si des guerres patriotiques, comme celle que mène l’Ukraine, tendent à unir un pays, la recherche en temps de guerre d’une paix imparfaite sème inévitablement la division et est souvent vécue comme une trahison.

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