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La dangereuse descente de l'Amérique dans la violence

NEW YORK – Les meurtres de masse qui bouleversent régulièrement la vie américaine ne devraient pas être simplement considérés comme des événements aléatoires. Ils traduisent la lente désintégration de l’autorité souveraine de l’État. La souveraineté, en tant qu’ultime revendication de l’autorité, repose sur au moins deux préceptes : l’indivisibilité et le monopole de l’exercice légitime de la force. Seul l’État, par son pouvoir de police, est autorisé à user de la violence pour se défendre (que ce soit d’une agression extérieure ou bien du terrorisme intérieur et du crime).

Il est dangereux que se perde la foi dans le pouvoir de police de l’État, notamment parce que cela déclenche des réponses autarciques à l’insécurité ou à l’injustice telles qu’elles sont perçues. Lorsqu’on n’a plus confiance en l’État pour garantir la sécurité et la justice – et préserver le tissu social –, des acteurs autonomes s’affirment comme rivaux potentiels de l’État souverain.

Historiquement, l’émergence des mouvements politiques de type fasciste est associée à l’essor parallèle de milices privées : chemises noires de Mussolini, brunes d’Hitler, vertes de l’intégralisme brésilien, bleues du dirigeant fasciste irlandais Eoin O’Duffy.

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