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Le modèle économique de la « Ford T » en Afrique

BOSTON – L’Afrique est souvent considérée comme un endroit risqué pour les affaires. Les réussites existent, comme Safaricom, Flutterwave ou Kobo360, mais les investisseurs ont tendance à y voir des anomalies : que ces entreprises prospèrent malgré la pauvreté omniprésente, l’instabilité politique et la corruption généralisée ne saurait être qu’une question de chance, et non la preuve que l’Afrique est pour les investissements une destination « sûre ».

Ces perceptions expliquent pourquoi les innovateurs africains, alors que 17 % de la population mondiale vivent sur le continent, n’ont reçu, en 2020, que 4,4 % des investissements directs étrangers dans le monde. Si cette image ne change pas, l’Afrique continuera de souffrir – et les investisseurs manqueront encore des opportunités lucratives.

Il est vrai que l’environnement d’affaires est en Afrique difficile. Mais c’est également vrai de tous les pays à revenu faible ou intermédiaire, comme l’étaient les États-Unis au début du XXe siècle. Lorsque Henry Ford conçut son « modèle T », une voiture accessible aux masses, beaucoup de ses investisseurs regimbèrent. Les États-Unis n’avaient pas les infrastructures nécessaires – routes goudronnées, stations essence, garages. Et de toute façon, l’Américain ordinaire n’avait pas les moyens de s’acheter une voiture.

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