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Lasse d'intégrer, l'Europe pourrait un jour en payer le prix

PRISTINA – J.R. Seeley, historien anglais du XIXe siècle, disait, la formule est restée célèbre, que la Grande-Bretagne avait acquis son empire dans un « moment d’inattention ». La formule pourrait convenir à l’Union européenne après la guerre froide, qui, d’une certaine façon, s’est élargie au-delà de son noyau occidental dans un mouvement de distraction, après l’effondrement de l’URSS. Et elle semble en être de plus en plus fatiguée.

L’Europe a toujours eu dans l’esprit de ses dirigeants des frontières souples. Pour Charles de Gaulle, elle comprenait la Russie, du moins jusqu’à l’Oural. En 2018, l’actuel président français, Emmanuel Macron, en proposait une définition plus nuancée, quoique controversée : l’Europe des « cercles concentriques », chaque cercle correspondant à un niveau différent d’identité et d’intégration. C’est la vision d’une Europe à deux étages, dans laquelle les pays d’Europe orientale et sud-orientale sont (re)mis à leur place.

Si cette pensée macronienne n’a jamais valu politique officielle de l’Union, elle traduit une carte mentale profondément ancrée qui dévalue la périphérie européenne. Selon la conception du monde qui prévaut aujourd’hui dans l’Union européenne, les marches n’importent que lorsque le centre en a besoin, ou lorsqu’elles deviennent une menace à sa sécurité.

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