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Le monde enchanté des banques centrales

Les principales banques centrales acceptent désormais d’intégrer parmi leurs responsabilités des objectifs comme la réduction des inégalités ou le combat contre le changement climatique. Plutôt que de s’en tenir à leur mission traditionnelle, elles prennent davantage en compte les préférences collectives. Audace bienvenue, mais il serait préférable d’amender explicitement leur mandat plutôt que de laisser des responsables non-élus décider seuls comment leurs missions doivent évoluer.

PARIS – Il y a vingt ans, les banquiers centraux se vantaient d’être conservateurs et bornés. Ils faisaient vertu d’être obnubilés par l’inflation plutôt que par le bien-être collectif et s’acharnaient à être obsessionnellement répétitifs. Comme l’a résumé en 2000 celui qui allait bientôt devenir le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BOE), leur ambition était d’être ennuyeux.

La crise financière de 2008 a brutalement mis fin à cette ambition et les grands argentiers se sont employés à mettre au point de nouveaux instruments pour éteindre les incendies et prévenir les nouvelles menaces. Beaucoup, néanmoins, continuaient de nourrir l’espoir secret d’un retour au bon vieux temps du conservatisme précautionneux (avec, en plus de la stabilité des prix, l’objectif de stabilité financière).

Mais les récentes annonces de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne suggèrent qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Les banquiers centraux entendent désormais assumer la responsabilité d’objectifs dont ils se gardaient soigneusement hier : la lutte contre les inégalités et l’action climatique.

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