ISLAMABAD – Nous allons bientôt être confrontés à une crise mondiale de l'endettement. Avant même que le Covid-19 ne s'abatte sur la planète, le FMI avait alerté quant au fardeau de la dette publique des pays en développement ; il avait également souligné que la moitié des pays à faible revenu était surendettée ou au risque de l'être. Avec l'aggravation de la crise économique, leur production connaît une forte baisse au moment même où la lutte contre le coronavirus et la relance de l'économie exigent une augmentation massive des dépenses.
Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), cette année et l'année prochaine le remboursement de leur dette publique étrangère coûtera entre 2 600 milliards et 3 400 milliards de dollars aux pays en développement. Aussi, les analystes financiers estiment que prés de 40% des pays émergents pourraient avoir des difficultés à rembourser leur dette publique l'année prochaine.
Pire encore, les mesures adoptées face à la crise de l'endettement sont en contradiction avec la politique mondiale contre le réchauffement climatique, contre les inégalités et d'autres crises mondiales qui vont s'intensifiant. Il faut donc repenser la manière de poursuivre simultanément plusieurs objectifs. Nous devons à la fois parvenir à une reprise économique vigoureuse après la crise due à la pandémie et consacrer des milliers de milliards de dollars à la transition vers une économie plus stable sur le plan financier, socialement inclusive, et à faible émission de carbone.
En avril, les ministres des Finances du G20 ont adopté l'Initiative de suspension du service de la dette en faveur des pays les plus pauvres afin qu'ils puissent consacrer leurs ressources à lutter contre la pandémie. Malheureusement seuls quelques pays créanciers ont souscrit à cette initiative, la plupart craignant la réaction des marchés et des agences de notation. Par ailleurs, dans leur majorité, les établissements privés de crédit se sont montrés peu accommodants, sapant ainsi les mesures prises par les Etats.
Sans de nouvelles formes d'aide de trésorerie et de réduction significative des dettes publiques, l'économie mondiale ne pourra retrouver les niveaux de croissance d'avant-crise sans risquer des catastrophes climatiques et des troubles sociaux. Les climatologues nous disent que pour atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat, les émissions mondiales nettes de CO2 doivent diminuer de 45% d'ici 2030 et être nulles en 2050. Les effets du réchauffement climatique étant déjà largement perceptibles à travers la planète, il est urgent d'accroître un peu partout les investissements pour le limiter et pour s'y adapter.
Ce ne sera pas possible si les Etats se retrouvent embourbés dans une crise de l'endettement. Le service de la dette les poussera à encourager à tout prix les exportations pour accroître leurs revenus, y compris en limitant les dépenses consacrées aux infrastructures résistant au réchauffement climatique et en augmentant l'extraction et l'utilisation de leurs énergies fossiles. Cela poussera encore à la baisse le cours des matières premières, générant ainsi une spirale infernale pour les pays producteurs.
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Du fait de ces préoccupations, le G20 a appelé le FMI à élaborer des outils supplémentaires qui pourraient répondre aux besoins de ses membres tout au long de la crise - ceci en utilisant son expérience des crises précédentes. L'un de ces outils pourrait être la "conversion de dettes en investissement en faveur du climat". Dans les années 1980 et 1990, les pays en développement et leurs créanciers se sont engagés dans des conversions de dettes en investissement écologique en faveur de la reforestation, de la biodiversité et de la protection des peuples indigènes.
Cette idée devrait être maintenant élargie pour inclure les investissements destinés à lutter à la fois contre le réchauffement climatique et les inégalités. Les pays en développement auront besoin de ressources supplémentaires pour arrêter d'extraire les sources d'énergie fossiles de leur sous-sol, pour investir dans l'adaptation au réchauffement et créer des emplois pour le 21° siècle. Il faudrait donc, entre autres mesures, alléger une partie de leur dette sous condition qu'ils procèdent à ces investissements.
Un outil de ce type faciliterait le redémarrage et contribuerait à éviter les problèmes d'insolvabilité des dettes qui pourraient surgir lorsque de plus en plus d'investissements liés aux énergies fossiles et d'infrastructures non résilientes deviendront des "actifs échoués". Enfin, la baisse spectaculaire du coût des énergies renouvelables offre l'occasion de réaliser un investissement de grande ampleur en faveur des infrastructures à zéro émission de carbone qui permettent de suppléer au manque d'énergie et de mettre fin à une croissance insoutenable.
Selon certains économistes, préparer l'économie mondiale à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C créerait 150 millions d'emplois à travers le monde. Le rapport Production Gappublié par le Programme des Nations unies pour l'environnement montre que si la production se poursuit au rythme prévu par les Etats, il ne sera pas possible de contenir le réchauffement climatique. Pour parvenir aux objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat, il faudrait renoncer à exploiter plus de 80% des réserves connues d'énergie fossile.
Compte tenu de la réalité du réchauffement, il serait aberrant qu'une stratégie de relance économique inclut des investissements (qui seraient très risqués) dans l'extraction de sources d'énergie fossile et des infrastructures dédiées. Heureusement, la conversion de dettes en investissement pour le climat serait un élément fort pour favoriser la transition vers une économie à faible émission de carbone, stabiliser le prix des matières premières et donner une marge de manœuvre budgétaire aux pays en développement. Ces derniers pourraient ainsi investir dans la résilience et le développement durable.
Beaucoup de pays auront besoin d'un allégement de leur dette pour faire face à la crise du Covid-19 et protéger leur économie contre le réchauffement climatique dans un cadre socialement inclusif. C'est une question de survie pour une grande partie de la population des pays les plus vulnérables au réchauffement climatique.
Le G20 a appelé le FMI à développer de nouveaux outils et de nouvelles stratégies pour les présenter lors de son sommet en automne. Il faudrait que la conversion des dettes en investissement pour le climat et la justice sociale soit au centre des discussions.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz
Shamshad Akhtar est président du conseil d'administration de l'institution Karandaaz Pakistan. Il a été gouverneur de la Banque centrale du Pakistan.
Kevin P. Gallagher est professeur de politique de développement mondial et directeur du Centre de politique de développement mondial de l'université de Boston.
Stephany Griffith-Jones est directeur du programme des marchés financiers de l'Initiative pour le dialogue politique à l'université de Columbia.
Jörg Haas est chef du département de politique internationale de la fondation Heinrich Böll.
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While the Democrats have won some recent elections with support from Silicon Valley, minorities, trade unions, and professionals in large cities, this coalition was never sustainable. The party has become culturally disconnected from, and disdainful of, precisely the voters it needs to win.
thinks Kamala Harris lost because her party has ceased to be the political home of American workers.
This year’s many elections, not least the heated US presidential race, have drawn attention away from the United Nations Climate Change Conference (COP29) in Baku. But global leaders must continue to focus on combating the climate crisis and accelerating the green transition both in developed and developing economies.
foresees multilateral development banks continuing to play a critical role in financing the green transition.
ISLAMABAD – Nous allons bientôt être confrontés à une crise mondiale de l'endettement. Avant même que le Covid-19 ne s'abatte sur la planète, le FMI avait alerté quant au fardeau de la dette publique des pays en développement ; il avait également souligné que la moitié des pays à faible revenu était surendettée ou au risque de l'être. Avec l'aggravation de la crise économique, leur production connaît une forte baisse au moment même où la lutte contre le coronavirus et la relance de l'économie exigent une augmentation massive des dépenses.
Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), cette année et l'année prochaine le remboursement de leur dette publique étrangère coûtera entre 2 600 milliards et 3 400 milliards de dollars aux pays en développement. Aussi, les analystes financiers estiment que prés de 40% des pays émergents pourraient avoir des difficultés à rembourser leur dette publique l'année prochaine.
Pire encore, les mesures adoptées face à la crise de l'endettement sont en contradiction avec la politique mondiale contre le réchauffement climatique, contre les inégalités et d'autres crises mondiales qui vont s'intensifiant. Il faut donc repenser la manière de poursuivre simultanément plusieurs objectifs. Nous devons à la fois parvenir à une reprise économique vigoureuse après la crise due à la pandémie et consacrer des milliers de milliards de dollars à la transition vers une économie plus stable sur le plan financier, socialement inclusive, et à faible émission de carbone.
En avril, les ministres des Finances du G20 ont adopté l'Initiative de suspension du service de la dette en faveur des pays les plus pauvres afin qu'ils puissent consacrer leurs ressources à lutter contre la pandémie. Malheureusement seuls quelques pays créanciers ont souscrit à cette initiative, la plupart craignant la réaction des marchés et des agences de notation. Par ailleurs, dans leur majorité, les établissements privés de crédit se sont montrés peu accommodants, sapant ainsi les mesures prises par les Etats.
Sans de nouvelles formes d'aide de trésorerie et de réduction significative des dettes publiques, l'économie mondiale ne pourra retrouver les niveaux de croissance d'avant-crise sans risquer des catastrophes climatiques et des troubles sociaux. Les climatologues nous disent que pour atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat, les émissions mondiales nettes de CO2 doivent diminuer de 45% d'ici 2030 et être nulles en 2050. Les effets du réchauffement climatique étant déjà largement perceptibles à travers la planète, il est urgent d'accroître un peu partout les investissements pour le limiter et pour s'y adapter.
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Cette idée devrait être maintenant élargie pour inclure les investissements destinés à lutter à la fois contre le réchauffement climatique et les inégalités. Les pays en développement auront besoin de ressources supplémentaires pour arrêter d'extraire les sources d'énergie fossiles de leur sous-sol, pour investir dans l'adaptation au réchauffement et créer des emplois pour le 21° siècle. Il faudrait donc, entre autres mesures, alléger une partie de leur dette sous condition qu'ils procèdent à ces investissements.
Un outil de ce type faciliterait le redémarrage et contribuerait à éviter les problèmes d'insolvabilité des dettes qui pourraient surgir lorsque de plus en plus d'investissements liés aux énergies fossiles et d'infrastructures non résilientes deviendront des "actifs échoués". Enfin, la baisse spectaculaire du coût des énergies renouvelables offre l'occasion de réaliser un investissement de grande ampleur en faveur des infrastructures à zéro émission de carbone qui permettent de suppléer au manque d'énergie et de mettre fin à une croissance insoutenable.
Selon certains économistes, préparer l'économie mondiale à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C créerait 150 millions d'emplois à travers le monde. Le rapport Production Gappublié par le Programme des Nations unies pour l'environnement montre que si la production se poursuit au rythme prévu par les Etats, il ne sera pas possible de contenir le réchauffement climatique. Pour parvenir aux objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat, il faudrait renoncer à exploiter plus de 80% des réserves connues d'énergie fossile.
Compte tenu de la réalité du réchauffement, il serait aberrant qu'une stratégie de relance économique inclut des investissements (qui seraient très risqués) dans l'extraction de sources d'énergie fossile et des infrastructures dédiées. Heureusement, la conversion de dettes en investissement pour le climat serait un élément fort pour favoriser la transition vers une économie à faible émission de carbone, stabiliser le prix des matières premières et donner une marge de manœuvre budgétaire aux pays en développement. Ces derniers pourraient ainsi investir dans la résilience et le développement durable.
Beaucoup de pays auront besoin d'un allégement de leur dette pour faire face à la crise du Covid-19 et protéger leur économie contre le réchauffement climatique dans un cadre socialement inclusif. C'est une question de survie pour une grande partie de la population des pays les plus vulnérables au réchauffement climatique.
Le G20 a appelé le FMI à développer de nouveaux outils et de nouvelles stratégies pour les présenter lors de son sommet en automne. Il faudrait que la conversion des dettes en investissement pour le climat et la justice sociale soit au centre des discussions.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz
Shamshad Akhtar est président du conseil d'administration de l'institution Karandaaz Pakistan. Il a été gouverneur de la Banque centrale du Pakistan.
Kevin P. Gallagher est professeur de politique de développement mondial et directeur du Centre de politique de développement mondial de l'université de Boston.
Stephany Griffith-Jones est directeur du programme des marchés financiers de l'Initiative pour le dialogue politique à l'université de Columbia.
Jörg Haas est chef du département de politique internationale de la fondation Heinrich Böll.