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Séquencer la reprise post-COVID

LONDRES – John Maynard Keynes était un fervent partisan du New Deal mis en œuvre par le président américain Franklin D. Roosevelt. Le chemin vers un avenir civilisé, écrivait-il, devait passer par Washington, pas par Moscou – une formule directement adressée à ces idéalistes, dont certains de ses étudiants, qui plaçaient leur foi dans le communisme.

Keynes ne manquait toutefois pas de critiquer FDR, en lui reprochant notamment de confondre relance et réforme. La reprise après l’effondrement constituait la première des priorités ; les réformes sociales, « même judicieuses et nécessaires », risquaient en revanche d’entraver la reprise en mettant à mal la confiance des entreprises. Comme un présage des débats actuels autour des priorités de politique économique après la pandémie, Keynes considérait qu’une démarche en plusieurs séquences était essentielle à la réussite du New Deal.

Les conseillers du groupe d’experts entourant FDR étaient des réformateurs, pas des keynésiens, et portaient par conséquent un regard différent. Expliquant la Grande Dépression par un pouvoir excessif des grandes entreprises, ils estimaient que le chemin vers la reprise passait par un changement institutionnel. C’est ainsi que la fameuse relance keynésienne ne constituera qu’une composante mineure du New Deal, le traitement d’urgence l’emportant sur les remèdes à plus long terme.

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