benami186_ AHMAD GHARABLIAFP via Getty Images_bedouin Ahmad Gharabli/AFP via Getty Images

La sécurité dans un Moyen-Orient post-américain

TEL-AVIV – Le Moyen-Orient est en train d’apprendre à vivre sans l’Amérique. Si les États-Unis continueront à déterminer la sécurité régionale, au moyen, notamment, de leurs systèmes d’armes avancés, leur retrait du Moyen-Orient (du moins perçu comme tel) soulève de sérieux doutes quant à leur volonté de respecter les engagements pris auprès de leurs alliés. Aujourd’hui, les acteurs locaux revoient leurs stratégies géopolitiques ; ainsi de vieux ennemis s’efforcent-ils d’assurer leur réconciliation et certains pays cherchent même à mettre en place une sécurité collective. Pour réaliser la paix et la stabilité régionales, tous ces pays devront toutefois surmonter des obstacles beaucoup plus rudes qu’ils ne semblent le réaliser.

Les déconvenues des dirigeants du Moyen-Orient avec les États-Unis s’accumulent depuis plus de dix ans. Les autocrates arabes accusent Washington de les avoir trahis durant les révoltes du printemps arabe, en s’alignant sur les positions des forces qui tentaient de les renverser. Ils reprochent aussi aux États-Unis d’avoir de facto négocié dans leur dos l’accord sur le nucléaire iranien en 2015, et de n’avoir pu mettre au pas le régime meurtrier de Bachar Al-Assad en Syrie.

Plus récemment, l’absence de réponse américaine aux attaques des rebelles yéménites houthistes sur leurs installations pétrolières n’a guère réjoui l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Cela explique probablement, du moins en partie, pourquoi aucun de ces deux pays n’a souhaité réagir aux demandes, formulées par le président des États-Unis, Joe Biden, d’une augmentation de la production de pétrole et de gaz afin d’endiguer la montée des prix de l’énergie dans le contexte de la guerre en Ukraine. Ils ne répondront pas même, fait-on savoir, à ses appels téléphoniques.

https://prosyn.org/WU09mDvfr