Saudi Arabia oil refinery Tom Stoddart/Hulton Archive/Getty Images

Un capitalisme d’État 2.0

GENÈVE – La chute du mur de Berlin, voici bientôt trente ans, représente le point d’inflexion de l’intervention des États dans l’économie mondiale, marquant, à peu près partout, une défaite des économies socialistes. De la France « dirigiste » à la Chine communiste, des pays au modèle économique extrêmement différent commencèrent d’adopter des mesures plus propices au « laissez-faire », fondées sur l’idée que moins intervenait l’État, mieux se portait l’économie.

Lors de ce recul mondial des économies étatiques et socialistes, nombre d’entreprises publiques furent totalement privatisées. Mais dans leur vaste majorité, les « joyaux de la couronne » demeurèrent, partiellement, entre les mains des gouvernements, quoique ceux-ci permissent à des partenaires stratégiques ou à des investisseurs privés d’en acquérir des titres sur les marchés financiers. Quelle que fût sa forme, la privatisation ne traduisit pas seulement une inclination philosophique ; elle eut aussi des conséquences économiques profondes, dont les moindres ne furent pas celles qui touchèrent les places boursières, revigorées par l’inscription à la cote des entreprises publiques dans des pays aussi divers que l’Italie et l’Égypte.

Au tournant du millénaire, toutefois, le retrait des États de l’économie connut un coup d’arrêt. Le succès d’économies comme la Chine, qui pilotait son développement grâce à ses entreprises publiques, et des Émirats arabes unis, qui géraient leur diversification économique en utilisant leurs fonds d’investissements souverains, souleva quelques questions sur l’efficacité du secteur privé dans la gouvernance de la croissance.

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